A chaque campagne électorale, chacun y va de propositions visant à mettre une couche de “modernité“ dans son programme. Ainsi Benoît Hamon et ce n’est pas le premier, propose de dépénaliser/légaliser la consommation de stupéfiants “doux“. Pourquoi pas, l’alcool ne suffisant pas, assurément, à créer suffisamment de troubles sanitaires et sociaux.
Depuis plusieurs années, distribution et vente de drogues plus ou moins dures font partie intégrante de la vie socio-économique des quartiers, c’est une évidence constatée au premier chef par le voisinage de ces nouveaux commerçants.
Comme le déclare une responsable associative nîmoise, “on essaie de faire en sorte qu’ils ne pourrissent pas les pieds d’immeuble, afin de préserver la vie quotidienne des habitants, au moins pendant la journée“. Quitte à laisser carte blanche au trafic la nuit.
Daniel Vaillant, ancien ministre de l’intérieur, et Stéphane Gatignon, maire de Sevran, une ville où le trafic fait partie intégrante de la vie quotidienne, avaient lancé un appel à la dépénalisation en 2011 : clémence envers consommateurs et dealers ? Ce fut surtout un aveu d’impuissance dans la lutte contre le trafic : manque d’effectifs policiers, politique pénale laxiste par manque de place dans les prisons, mais aussi complaisance envers les fortes têtes des quartiers.
Il faut bien reconnaître que les élus, ici ou là, ont fait payer au prix fort aux habitants des quartiers populaires un laisser aller électoraliste coupable : on tente régulièrement de développer l’idée d’une dépénalisation et d’un contrôle de la vente, à la fois par débordement au plan local, et avec l’idée d’une source de revenus fiscaux, bien évidemment, au plan national. Un récent documentaire diffusé sur Arte expliquait clairement les collusions entre les grands ténors de l’Etat et la mafia Corse, conduisant de façon indirecte à la constitution de la célèbre “French connection“, qui a inondé d’héroïne les Etats Unis dans les années 70.
D’une différente façon on assiste à un remake de cet épisode sur nos territoires.
Certains estiment à 500 millions d’euros par an le coût de la traque aux trafiquants en France, un montant certainement surévalué : il est difficile de démêler, dans l ‘écheveau et la superposition des missions de la police nationale, ce qui relève exclusivement du domaine des stupéfiants, et en particulier de la stricte répression des drogues douces. En retour, les saisies liées à la délinquance, en espèces, saisies de comptes, de biens immobiliers, véhicules (7 Ferrari, entre autres), etc, a avoisiné 500 millions d’euros en 2016 : là aussi, difficile de démêler les recettes issues des saisies liées au trafic, d’autres secteurs du banditisme. Selon un OPJ (Officier de Police Judiciaire), les saisies de biens et numéraires directement liés au trafic de drogue baissent régulièrement. Les trafiquants, petits et grands, organisent la sortie de leurs biens, en particulier vers les pays du Maghreb. Difficile de dire si la traque coûte plus cher que ce que rapportent les saisies, encore faudrait-il chiffrer les coûts sociaux et médicaux des conséquences de la consommation de stupéfiants….